13/01/2016
Afrique subsaharienne

500 enfants meurent chaque jour à cause du manque d'eau salubre et d'un assainissement insuffisant

Quelque 180 000 enfants de moins de 5 ans meurent chaque année –  soit
environ 500 par jour – en Afrique subsaharienne à cause de maladies
diarrhéiques imputables au manque de services d'eau, d'assainissement et
d'hygiène (WASH), a déclaré le Fonds des Nations unies pour l'enfance
(UNICEF) avant l'ouverture d'une conférence sur le financement du
secteur à Dakar.

"Des enfants qui meurent chaque jour, des millions d'autres qui sont
atteints d'un retard de croissance et un coût gigantesque pour
l'économie, on ne saurait continuer comme si de rien n'était"
, a dit le directeur régional de l'UNICEF pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre, Manuel Fontaine. "Le
rythme des progrès doit s'accroître de façon exponentielle et cela va
exiger des politiques vigoureuses, un financement solide et un
changement radical des priorités chez ceux qui ont le pouvoir d'agir."

Aujourd'hui, près de la moitié de la population mondiale qui n'a pas
accès à des sources améliorées d'eau potable vit en Afrique
subsaharienne et 700 millions de personnes de la région n'ont pas accès à
des services d'assainissement. La population ayant quasiment doublé au
cours des 25 dernières années dans la région, l'accès à l'assainissement
y a progressé de seulement 6 % et l'accès à l'eau de 20 % au cours de
la même période. Des millions de personnes sont donc laissées pour
compte. L'UNICEF affirme que, faute de mesures rapides, la situation
risque de considérablement empirer au cours des vingt prochaines années,
l'augmentation rapide de la population surpassant les efforts des
gouvernements pour assurer les services essentiels. Par exemple, le
nombre de personnes de la région qui pratiquent la défécation à l'air
libre est aujourd'hui plus élevé qu'il ne l'était en 1990, alors même
qu’un lien a été établi entre la défécation à l'air libre et
l'augmentation du nombre d'enfants atteints d'un retard de croissance.

La première conférence de l'Afrique de l'Ouest et du Centre sur les
Mécanismes de financement innovants pour l'eau, l'assainissement et
l'hygiène est organisée par l'UNICEF en collaboration avec le
gouvernement sénégalais et le Conseil des ministres africains chargés de
l'eau. L'UNICEF a invité 24 gouvernements de la sous-région à
rencontrer des représentants des principales banques d'investissement,
des organisations internationales et du monde des affaires ainsi que des
experts. L'objectif est de trouver de nouveaux mécanismes permettant de
réunir les quelque 20 à 30 milliards de dollars dont le secteur WASH
aura besoin chaque année pour parvenir à l'accès universel à l'eau et à
l'assainissement en Afrique de l'Ouest et du Centre.

L'ONU estime que les pertes économiques au niveau mondial dues à des
services d'eau, d'assainissement et d'hygiène insuffisants s'élèvent
chaque année à 260 milliards de dollars. La région Afrique de l'Ouest et
du Centre, celle où l'accès est le plus mauvais, supporte une part
considérable de ce fardeau financier. Aucun pays d'Afrique de l'Ouest et
du Centre ne dispose de l'accès universel à l'eau potable. Selon le
Rapport 2015 du Programme commun OMS/UNICEF de surveillance de
l'approvisionnement en eau et de l'assainissement (JMP), les taux de
couverture les plus élevés sont à Sao Tomé-et-Principe (97 %), Gabon (93
%), et au Cap Vert (92 %). À l'autre extrême, se trouvent des pays dont
à peu près la moitié de la population n'a pas d'accès, la Guinée
équatoriale (48 %), le Tchad (51 %) et la République démocratique du
Congo (52 %) affichant les taux les plus faibles. L'accès à
l'assainissement est encore plus problématique. Dans les pays disposant
de la meilleure couverture, jusqu'à une personne sur quatre n'a toujours
pas accès à des installations sanitaires satisfaisantes. La Guinée
équatoriale (75 %), Cap Vert (72 %), et la Gambie (59 %) figurent aux
trois premières places en termes d'accès. La couverture la plus faible
est au Niger (11 %), au Togo (12 %) et au Tchad (12 %).

Cependant, le financement du secteur WASH est inégal et insuffisant.
Aucun pays d'Afrique n'a alloué plus de 0,5 % de son PIB au secteur de
l'eau, assainissement et hygiène (WASH). Parallèlement, sur les 3,8
milliards de dollars de l'aide publique au développement attribuée
chaque année au secteur WASH, les trois quarts approximativement vont à
l'eau et le quart restant à l'assainissement. La plus grande partie de
l'aide financière de l'aide publique au développement va à des pays dont
la situation est plutôt déjà bonne et, bien que l'accès à l'eau et à
l'assainissement en milieu rural soit bien moins développé qu'en milieu
urbain, l'aide financière extérieure et intérieure va principalement aux
systèmes des zones urbaines.

UN News Service – 16-12-2015